Candidature de Mayelle

Dans la chambre d’une maison de Sufokia, une jeune femme rêve. En s’approchant un peu, on peut voir des gouttes de sueurs perler sur son front mais néanmoins un sourire flotte sur son visage. Ce rêve, Mayelle le fait pour la deuxième fois déjà. La première fois cela l’avait perturbé mais elle avait fini par se dire que ce n’était qu’un simple rêve. Mais cette fois, le prendra-t-elle au sérieux ?

Le rêve commençait toujours dans une petite cabane, près d’un bois. Mayelle dormait mais était tirée de son sommeil par un craquement de branche au loin. A ce moment-là elle aurait dû se rendormir sans s’en formaliser mais cela lui était impossible. Elle se sentait « attirée » par ce bruit, comme une force invisible qui tenterait de la pousser vers ce craquement. Alors elle se levait, tel un pantin, et elle marchait vers la forêt. Elle n’aurait su dire combien de temps elle prenait pour atteindre l’orée du bois mais une fois arrivée elle prenait conscience de la présence de quelqu’un non loin d’elle. Une personne semblant humaine, mais qui flottait dans les airs, tel un fantôme, dos à elle. Une femme, visiblement.

Curieuse, Mayelle se mettait à marcher vers cette inconnue,  les yeux dans le vague et l’esprit embrumé, comme endormit. Autour d’elle les insectes et les animaux fuyaient, dérangés par le bruit des feuilles mortes et des branches que la jeune fille piétinait sur son passage. Elle n’était maintenant plus qu’à dix mètre de la femme … neuf mètre … sept mètre … trois mètre … puis là l’inconnue se retournait et, avec un sourire, touchait son front et prenait possession de son corps, littéralement. Mayelle ne savait alors pas ce qui allait se passer mais elle ne pouvait de toute façon plus rien y faire, son corps ne lui obéissait plus, elle n’était plus qu’une simple spectatrice de ses actions. Elle sentait que son esprit était connecté à celui l’inconnue,  que cette dernière lui enjoignait de ne pas s’affoler, qu’elle était une amie et qu’il lui suffisait d’attendre pour comprendre. Alors elle attendait.

Elle se voyait marcher à travers la forêt d’une démarche souple, presque pressante, puis bientôt elle commençait à entendre des bruits au loin, de plus en plus fortement à mesure qu’elle s’approchait. Bruits qu’elle identifia comme étant de la musique, des voix, des rires ... là elle sentait son cœur battre la chamade et se remplir de joie et d’envie, pour finalement se rendre contre que ce n’était pas vraiment son cœur qu’elle sentait mais plutôt celui de l’inconnue. Oui, c’était cela, elle ressentait toutes les émotions de la femme qui était en possession de son corps. Et ces émotions, cette joie, s’amplifiait encore d’avantage quand  Mayelle, guidée par l’inconnue, finissait par sortir des bois pour arriver dans une petite clairière pleine de gens faisant la fête.

Partout autour d’elle les gens jouaient entre eux, se cherchaient, se chamaillaient, dansaient et riaient. Un homme la remarquait alors et venait lui prendre la main pour l’embarquer dans une danse énergique, pour la faire entrer dans la fête. Personne ne la connaissait, elle ne connaissait personne, et pourtant tous semblaient l’accepter et l’inviter à bras ouverts pour rire avec eux. C’est alors qu’une larme roulait sur sa joue. Elle était heureuse. Ce n’était surement qu’une simple assemblée faisant la fête pour une quelconque raison mais pourtant cela l’ébranla beaucoup. Ses émotions, liées à celles de l’inconnue qui contrôlait son corps, explosaient littéralement en elle. C’est à ce moment-là que ladite inconnue quittait son corps, la libérant de son emprise. D’abord confuse, Mayelle pensait à tourner les talons pour rentrer chez elle mais cette pensée était vite écartée. Non, elle décidait de rester ici et de participer à cet évènement festif. Ce qu’elle faisait pendant des heures entières, jusqu’au moment où le rêve cessait.

« Ne reste pas seule »

Voilà la phrase qu’entendit Mayelle juste avant de se réveiller, tout comme la première fois qu’elle avait fait ce rêve étrange. Tout en se redressant dans son lit, la jeune Iop se prit la tête dans les mains, confuse. Pourquoi encore ce rêve ? Et pourquoi est-ce que cette inconnue lui paraissait si familière ? Elle l’ignorait, mais elle se promit de percer ce mystère un jour. Aussi elle se leva, tout en s’étirant, puis partit se doucher et manger un peu. Une fois fait, elle prise son trousseau et ses armes et sortit de la maison qu’elle loué pour une semaine en fermant la porte à clé derrière elle. Dehors, l’air matinale était frais et sentait la marée, chose normale dans une ville comme Sufokia, construite sur la Mer. Prenant une grande inspiration, le sourire aux lèvres, Mayelle se dirigea vers Amakna, marchant un peu au hasard dans la ville.

N’ayant jamais connu ses parents, morts alors qu’elle n’était encore qu’un bambin, Mayelle avait grandi dans une famille d’accueil, qu’elle avait fini par quitter quelques années plus tôt, préférant devenir indépendante. Elle avait donc pris la route, seule, pour découvrir le monde des douze. Au fil des années, Mayelle avait murit et pris en force autant qu’en vitalité, augmentant de ce fait son niveau général et lui permettant de pouvoir pousser encore plus loin son incroyable périple. Sur son chemin elle avait croisé beaucoup d’autres Dofusiens mais ne s’attacha pas vraiment à eux, préférant marcher seule vers son avenir. Les Donjons défilaient et les monstres en tous genres mouraient par milliers faisant d’elle une guerrière forte et pleine de sagesse.

Mais voilà, aujourd’hui, alors qu’il lui restait encore beaucoup de chemin à parcourir pour devenir une Iopette aguerrit, Mayelle commençait à se sentir seule et repensa instinctivement à son rêve. Quand elle y réfléchissait bien, elle devait bien avouer que l’idée d’un groupe l’attirait pas mal, et ce depuis déjà quelques temps. Un jour, alors qu’elle passait par Tainéla, elle avait croisé la route de plusieurs membres d’une guilde, tout très sympathique et très avenants et ce jour-là elle s’était surprise à penser qu’elle se sentirait bien, dans une guilde comme celle-ci. Seulement ce jour-là son entêtement fut plus fort que son envie et elle avait fini par retourner à sa solitude, le cœur lourd. C’est d’ailleurs la nuit d’après qu’elle avait fait le fameux rêve pour la première fois. Surement pas une coïncidence.

C’est à la fin de la journée, après avoir passé tout son temps perdu dans ses pensées, que Mayelle prit enfin la décision d’arrêter d’avancer en solo et de rejoindre une guilde. Mais pas n’importe laquelle, non, c’était « Siempre De Pie » qui l’attirait plus que tout et elle comptait bien tout faire pour les rejoindre, pour leur prouver qu’elle en valait la peine et que pour elle ce choix était une évidence. C’est donc le cœur léger, déterminée et le sourire aux lèvres qu’elle se dirigea encore une fois vers ce fameux Zaap de Tainéla. Qu’elle se dirigea vers son avenir.